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La Haute Assemblée a adopté mardi 18 novembre un amendement permettant aux salariés qui le souhaitent de continuer à travailler après 65 ans. Mais de nombreuses questions liées à l'emploi des seniors demeurent ouvertes.

Les Français n'en rêvaient pas mais le gouvernement l'a quand même fait : le Sénat a entériné mardi 18 novembre l'âge de la retraite à 70 ans pour tout salarié volontaire du secteur privé. En clair, l'âge légal limite de liquidation des pensions, 65 ans, ne change pas, mais les entreprises seront obligées de demander aux salariés s'ils veulent continuer de travailler dans la limite de cinq années supplémentaires. Un choix qui devra être renouvelé tous les ans. Et si les employeurs refusent de maintenir le salarié au-delà de 65 ans, ils seront obligés de licencier...

La polémique. Depuis son instauration, dans la nuit du 1er novembre dernier, par les députés sous forme d'amendement à la loi de financement de la Sécurité sociale, ce report de l'âge de la retraite d'office de 65 à 70 ans a suscité un vif débat. L'opposition qui a voté contre, a dénoncé une porte ouverte à toutes les dérives du recul de l'âge de la retraite. Les Français, de leur côté, n'y semblent pas favorables non plus. Selon un enquête CSA-Le Parisien, paru lundi dernier, 66% des sondés y sont opposés, craignant à terme une remise en cause de l'âge légal. En outre, pour François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, cet amendement révèle une nouvelle « façon de faire du gouvernement : pour réformer le droit de travail, il passe de plus en plus par des textes d'origine parlementaire ou par les amendements. Cela lui permet de court-circuiter les syndicats ». Car à la « différence du gouvernement, les parlementaires ne sont pas tenus de proposer aux partenaires sociaux d'ouvrir une négociation avant toute décision », s'inquiète le responsable. Autrement dit, une façon d'avancer masqué sur le terrain de la dérégulation.

Inégalités entre les salariés. Pourtant, dans les textes d'origine, la retraite à 70 ans doit permettre de faciliter le maintien de l'emploi des seniors dans l'entreprise et d'alléger le déficit abyssal des retraites. Selon l'Insee, seuls 38,3% des 55-64 ans occupaient un emploi en France en 2007, soit bien en dessous de la moyenne européenne de 44,7%. Dans ce contexte, le risque pour beaucoup de séniors inactifs est de ne pas totaliser les 160 semestres requis pour une retraites à taux plein (41 ans en 2012). Et c'est bien ce que craignent les syndicats. Pour la CGT et la CFDT, le libre choix de la retraite à 70 ans n'est qu'un leurre dans la mesure où nombres de salariés, aux carrières morcelées comme c'est souvent le cas chez les femmes, seront obligés de travailler au-delà de 65 ans. Pour Arnaud Chéron, professeur à l'Ecole des Hautes études commerciales (Edhec), interrogé par Reuters, ce report qui ne touchera qu'une petite partie de la population "ne vas pas résoudre le problème du financement des régimes de retraites". Selon l'économiste, la mesure serait véritablement attractive si elle était assortie d'avantages financiers.

Enfin, cet amendement laisse en suspens la question de la pénibilité du travail qui rejoint celle de l'inégalité entre les salariés face à l'espérance de vie : un cadre vit en moyenne sept ans de plus qu'un ouvrier. Et les entreprises, accepteront-elles de miser sur des travailleurs de plus de 65 ans ?

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